par Didier Ravon – retrouvez l’original sur : Coupe de l’America. French Kiss et les 12 MJI de légende sont de retour ! (ouest-france.fr)
Si aujourd’hui, les AC75 ne possèdent plus de quille et volent à plus de 40 nœuds en équipage réduit, les célèbres 12 MJI qui ont participé à la légende de la Coupe de l’America, sont plus que jamais là. Le Yacht Club de France qui organise la 55e Coupe de France, annonce un programme séduisant en Méditerranée pour la saison 2023, avec une vingtaine de ces bateaux vintage.
Ne comptez pas sur moi pour dire qu’il est temps de tourner la page des 12 MJI, ces « couloirs lestés de près de 25 tonnes transporteurs de plomb à voiles molles » ayant contribué à la gloire de l’épreuve de 1958 à 1987, dont la formidable victoire d’Australia II à Newport en 1983, après 132 ans de domination américaine ! Ok, ces voiliers ne « marchent » qu’à un petit 8,5 nœuds au près mais avec un angle de remontée par rapport au vent juste ahurissant. Ok, il faut du monde à bord – onze a minima soit l’effectif d’une équipe de foot ! – Quant au circling et le fameux dial up, où l’idée est de bloquer l’adversaire bout au vent, puis de parvenir à redémarrer avant lui pour aller sur la ligne de départ, c’est souvent brutal mais magique, et ça n’existe malheureusement plus aujourd’hui !
Australie magique !
En outre, la moindre bascule de vent prise à l’envers, et ça se paye cash que ce soit en duel ou en flotte ! Lors de la Coupe de l’America 1986-1987 en Australie, j’ai eu le privilège de vivre des moments uniques et fabuleux avec French Kiss certes, mais aussi de suivre la revanche de l’immense barreur Conner, surnommé « Big Bad Dennis » sur Stars and Stripes, laminant les Australiens de Kookaburra chez eux, et remportant la dernière Cup en 12 MJI.
Mais 35 ans plus tard, revoir notamment à Cannes lors des dernières Régates Royales, French Kiss (F7) ou Kiwi Magic (KZ7) sublimement restaurés, c’est chair de poule assurée… Bien que difficile de garder un bon souvenir du seul 12 MJI construit en polyester (Kiwi Magic) alors que tous bateaux étaient à l’époque en aluminium – d’où son surnom Plastic is fantastic – mené par le jeune Kiwi Chris Dickson, et qui dans un « Fremantle Doctor » malheureusement mollasson, avait collé 4 à 1 à French Kiss en demi-finale.
Le célèbre Yacht Club de France, qui a eu dans ses membres légendaires aussi bien Jean-Baptiste Charcot qu’Éric Tabarly, et qui désormais s’est « uni » avec l’Union Nationale de la Course au Large (UNCL) sous la bannière « UNCL, Pôle course du YCF » avec ses présidents Philippe Héral (YCF) et Géry Trentesaux (UNCL), a annoncé lors du Nautic un programme alléchant, avec une vingtaine de 12 MJI, et une quarantaine de jours de courses programmés en Méditerranée lors de la 55e Coupe de France pour un trophée de près de 6 kilos, franchement d’un goût aussi kitch que l’aiguière d’argent… mais que tout régatier rêve de gagner.
« La Coupe, en argent massif, représente une allégorie de la victoire, cheveux au vent, en figure de proue d’une caravelle sur des flots écumants. Sous le château arrière figure une tête de dauphin, le tout reposant sur un socle de marbre rouge portant deux écussons aux emblèmes de Yacht-Club de France. Elle est due au dessin de Lucien Bonvallet. Le personnage a été sculpté par Claudius Marioton et le tout ciselé par Loth » explique le club face au trophée exposé.
Beau linge !
Il y a forcément du beau monde lors de ce Nautic un rien tristounet car plus salon du tourisme et du bateau à moteur que de la voile, de Bruno Troublé, grand régatier, ancien skipper de France 3 du Baron Bich et organisateur avec brio de la Louis Vuitton Cup ensuite, aux frères Yves et Marc Pajot, vice-champions olympiques en FD à Kiel alors qu’ils n’étaient pas majeurs, avant de tout gagner en 1975, puis de se retrouver respectivement à la tête de Challenge France et French Kiss lors de la 26e édition à Fremantle. Louis Heckly – dont le père Pierre-Paul a été longtemps l’incontournable président du YCF – est champion du monde en titre de 6 MJI (le 12 MJI en deux fois plus petit !). Le sémillant régatier à la barbe fournie aimerait bien que la classe se mêle aux grands frères, et n’hésite pas à le dire haut et clair.
Parlons de French Kiss , le plan Briand skippé par Marc Pajot (33 ans seulement à l’époque) ayant terminé demi-finaliste de la Louis Vuitton Cup et premier challenger européen, avant d’être racheté par un industriel allemand, plus ou moins abandonné, puis acquis dix ans plus tard par notamment Christophe Babule et Yann Delplace, qui étaient ados en 1986, mais sont tombés amoureux du bateau gris dans un « coup de folie » et veulent permettre aussi à d’autres passionnés nostalgiques, rêvant de naviguer à bord d’y participer, afin de dire « j’ai régaté sur French Kiss, j’y étais ! » Bref, on devrait se régaler à Cannes, Porquerolles, Saint-Tropez…
Calendrier Saison 2023
En Europe : 25 au 30 septembre : Régates Royales à Cannes et championnat d’Europe. 1er octobre : Coupe d’Automne du Yacht-Club de France de Cannes à Saint-Tropez. 2 au 7 octobre : Voiles de Saint-Tropez. 10 au 15 octobre : Europa Cup à Hyères.
Aux États-Unis : Newport, Rhode Island : 9 au 11 juin New York Yacht Club Annual Regatta. 7 au 9 juillet : Sail Newport Regatta. Septembre : 12 Metre North.